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| Una casa chiusa in Belgio |
Denis Cosnard e Clément Guillou
Il Raggruppamento Nazionale vuole riaprire delle case chiuse tenute dalle prostitute
Le Monde, 9 novembre 2025
Questo progetto inaspettato è in grado di rilanciare il dibattito sul posto della prostituzione nella società, e il quadro giuridico da dargli. La Francia mostra da tempo la sua volontà di abolire la prostituzione, una linea criticata da coloro che ritengono un tale obiettivo irrealistico e preferiscono inquadrare questa pratica. Nel 2016, sotto François Hollande, una legge ha abrogato il reato di adescamento pubblico. Penalizza i clienti, prevede un percorso di uscita dalla prostituzione con un dispositivo di accompagnamento sociale e apre l'accesso a un permesso di soggiorno, cosa che disgusta particolarmente all'estrema destra.
«Quando ero giovane, ho partecipato un po' al lavoro del Bus delle donne nel bosco di Boulogne», racconta Jean-Philippe Tanguy. Con questa associazione di aiuto alle persone prostituite, «allora ho visto la precarietà, la sofferenza, l'orrore quotidiano che vivevano queste donne, prosegue l'attuale "M. Budget" dell'RN. Nel quartiere di Saint-Lazare, a Parigi, ho incontrato anche delle vecchie prostitute, molto fiere del loro mestiere.»
Fermées par la loi Marthe Richard en 1946, les maisons closes vont-elles rouvrir si Marine Le Pen ou Jordan Bardella arrive au pouvoir ? Le Rassemblement national (RN) travaille en tous les cas sur le sujet. « Je vais proposer la réouverture des maisons closes, mais tenues par les prostituées elles-mêmes, en mode coopératif », a récemment glissé le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy aux membres un peu étonnés de la commission des finances. « Je prépare une proposition de loi en ce sens, précise-t-il au Monde. Une première version est prête, mais doit être améliorée. J’ai le soutien de Marine [Le Pen] pour cette initiative. »
Ce projet inattendu est susceptible de relancer le débat sur la place de la prostitution dans la société, et le cadre juridique à lui donner. La France affiche de longue date sa volonté d’abolir la prostitution, une ligne critiquée par ceux qui jugent un tel objectif irréaliste et préfèrent encadrer cette pratique. En 2016, sous François Hollande, une loi a abrogé le délit de racolage public. Elle pénalise les clients, prévoit un parcours de sortie de la prostitution avec un dispositif d’accompagnement social et ouvre l’accès à un titre de séjour, ce qui déplaît singulièrement à l’extrême droite.
« Quand j’étais jeune, j’ai un peu participé au travail du Bus des femmes au bois de Boulogne », raconte Jean-Philippe Tanguy. Avec cette association d’aide aux personnes prostituées, « j’ai alors vu la précarité, la souffrance, l’horreur quotidienne que vivaient ces femmes, poursuit l’actuel “M. Budget” du RN. Dans le quartier de Saint-Lazare, à Paris, j’ai aussi rencontré de vieilles prostituées, très fières de leur métier. »
«Le summum de l’hypocrisie bourgeoise»
De ces rencontres et de son analyse du problème, le député RN a tiré une conviction : le cadre actuel de la prostitution n’est pas tenable. Il estime que la loi de 2016 a aggravé la situation des personnes concernées : l’interdiction d’achat d’acte sexuel, qui place désormais les clients sous la menace d’une sanction pénale, contraint les prostituées à se cacher, à pratiquer leur métier toujours plus loin dans les bois ou ailleurs, dans des conditions sordides. « Elles se font tabasser, égorger parfois, et personne n’en parle ! », s’indigne Jean-Philippe Tanguy. A ses yeux, le système actuel constitue « le summum de l’hypocrisie bourgeoise ».
D’où son idée de recréer des maisons de tolérance de façon légale, comme entre 1804 et 1946, mais dans un autre esprit. Pas question pour le RN que les travailleurs et travailleuses du sexe se retrouvent sous le joug de proxénètes. Dans les coopératives qu’imagine Jean-Philippe Tanguy, « les prostituées seraient impératrices en leur royaume », comme « une forme de revanche » sur leur marginalité actuelle. « Sans doute faudrait-il trouver un autre nom que “maison close”, qui n’a pas laissé que de bons souvenirs », ajoute-t-il.
A l’extrême droite, Jean-Philippe Tanguy laboure un terrain inexploré : le Front national (ancêtre du RN) n’a jamais montré un intérêt prononcé pour la question de la prostitution. En 2013, lorsque la majorité de François Hollande avait fait adopter une loi sur la pénalisation des clients, Marine Le Pen avait mis en garde contre « une idée stupide » risquant d’apporter « un surcroît de danger » pour les prostituées. Avant de proposer, pour toute solution au problème, de… « renvoyer ces jeunes filles dans leur pays d’origine » et de « mener une lutte à mort contre les réseaux mafieux étrangers », ce à quoi la police s’attelle déjà.
« Des bordels sans patrons »
« La sécurisation des prostituées, c’est la position de Marine depuis très longtemps », assure le vice-président RN de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu, qui connaît plusieurs militants d’un « réglementarisme », comme l’animatrice Brigitte Lahaie ou le responsable du Syndicat du travail sexuel (Strass), Thierry Schaffauser, par ailleurs militant écologiste. Tous deux ont été conviés par le groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur la prostitution lorsque le RN en avait la présidence, assumée par la députée des Pyrénées-Orientales Anaïs Sabatini.
En interne, la proposition pourrait toutefois heurter les élus catholiques conservateurs animés par l’ordre moral. « Je ne pense pas, nous sommes des pragmatiques », balaie Sébastien Chenu.
Dans l’opinion publique et dans les milieux concernés, le projet a toute chance, aussi, d’être combattu, tant, près de quatre-vingts ans après leur fermeture, ressusciter les « bordels » peut paraître décalé, chimérique, en opposition totale avec la position de la France. « Recréer des maisons où l’on enfermerait des êtres humains, juste pour assouvir les besoins sexuels jugés irrépressibles d’hommes, non, c’est inimaginable », tranche Delphine Jarraud, déléguée générale de l’Amicale du Nid, une association d’aide aux prostituées.
Au Strass, marqué très à gauche, où l’on milite pourtant pour des coopératives, « des bordels sans patrons, comme en Nouvelle-Zélande et dans certains cantons suisses », on ne dissimule pas son embarras. « Hors de question de se retrouver alliés du RN et de ceux qui veulent chasser les étrangers », lance la porte-parole, Mylène Juste, travailleuse du sexe à Paris depuis vingt-trois ans.
« Stigmatisation sociale »
« A l’Assemblée, personne ne va me soutenir, à part Marine », anticipe Jean-Philippe Tanguy. Personne ? Pas si sûr. Dans la commission même des finances à laquelle il appartient, un autre « réglementariste » souhaite donner aux prostituées les moyens de leur indépendance : Philippe Juvin, député Les Républicains et rapporteur général du budget. En octobre 2024, l’élu des Hauts-de-Seine avait rédigé une proposition de loi « visant à sécuriser les droits des personnes qui se prostituent pour garantir un exercice plus sûr ». Envoyé à tous les députés pour qu’ils s’y associent, le texte avait recueilli 9 autres signatures, dont 3 chez LR et 3 au RN, puis était tombé dans les poubelles de l’Assemblée. Mais « c’est un sujet que je compte reprendre dès que le budget sera passé », confie Philippe Juvin. Lui non plus ne souscrit pas à la thèse abolitionniste : « Comme si on pouvait abolir le plus vieux métier du monde… » Libéral dans l’âme, il soutient la possibilité de se prostituer au nom de la liberté d’entreprendre, de même que le médiatique Louis Sarkozy. Aujourd’hui, estime M. Juvin, la France est dans une situation fausse : la prostitution est légale, les personnes qui l’exercent sont considérées comme des victimes à protéger, et, pourtant, « la stigmatisation sociale et diverses dispositions pénales les empêchent de travailler normalement ».
Les banques ne veulent pas leur ouvrir de comptes professionnels. Le simple fait de leur louer ou sous‑louer un logement et d’y tolérer la prostitution peut être considéré comme une forme de proxénétisme. D’où sa volonté de rectifier la législation, en s’inspirant du modèle belge « qui s’est montré efficace dans la lutte contre l’exploitation », dit-il : depuis 2024, les prostitués peuvent y exercer en tant qu’employés sous un contrat de travail, mais le proxénétisme et la prostitution contrainte sont interdits.

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