Elisabeth Vigée-Lebrun, M.me de Staël come Corinna, 1808, Ginevra, Musée d'art et d'histoire |
Benjamin Constant, Cécile (1811, pubblicata per la prima volta nel 1951)
Lorsque je rencontrai Madame de Malbée, elle était dans sa vingt-septième année. Une taille plutôt petite que grande et trop forte pour être svelte, des traits irréguliers et trop prononcés, un teint peu agréable, les plus beaux yeux du monde, de très beaux bras, des mains un peu trop grandes, mais d'une éclatante blancheur, une gorge superbe, des mouvements trop rapides et des attitudes trop masculines, un son de voix très doux et qui dans l'émotion se brisait d'une manière singulièrement touchante, formaient un ensemble qui frappait défavorablement au premier coup d'oeil, mais qui, lorsque Madame de Malbée parlait et s'animait, devenait d'une séduction irrésistible.
Son esprit, le plus étendu qui ait jamais appartenu à aucune femme, et peut-être à aucun homme, avait, dans tout ce qui était sérieux, plus de force que de grâce, et, dans tout ce qui touchait à la sensibilité, une teinte de solennité et d'affectation. Mais il y avait dans sa gaieté, un certain charme indéfinissable, une sorte d'enfance et de bonhomie qui captivait le coeur en établissant momentanément entre elle et ceux qui l'écoutaient une intimité complète, et qui suspendait toute réserve, toute défiance, toutes ces restrictions secrètes, barrières invisibles que la nature a mises entre tous les hommes et que l'amitié elle-même ne fait point disparaître tout à fait.
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Quando la incontrai, la signora de Malbée aveva ventisette anni. Statura piuttosto piccola che grande, troppo atticciata per essere snella, lineamenti irregolari e troppo marcati, incarnato poco gradevole, i più begli occhi del mondo, bellissime braccia, le mani un po' grandette ma di abbagliante bianchezza, un seno stupendo, movimenti troppo rapidi e atteggiamenti troppo virili, un suon di voce dolcissimo che nell'emozione si spezzava in modo singolarmente toccante, componevano un insieme che a prima vista faceva sgradevole impressione; ma che quando la signora de Malbée parlando si scaldava, acquistava un'irresistibile seduzione.
Il suo spirito, che è il più vasto che mai donna o forse uomo abbia posseduto, aveva negli argomenti seri più forza che grazia; nelle cose attinenti alla sensibilità, un che di solenne e di affettato. Ma nella sua allegria c'era un certo fascino indefinibile, un che di puerile e di cordiale che cattivava il cuore e istituiva momentaneamente tra lei e quelli che l'ascoltavano una completa intimità, sopprimeva ogni riserva, ogni diffidenza, tutte quelle segrete restrizioni che sono invisibili barriere poste dalla natura fra gli uomini e che nemmeno l'amicizia è capace di sopprimere del tutto.
(trad. Piero Bianconi)
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