Jaurès
figura tra i personaggi di Proust sotto le spoglie del deputato
Couzon, nel romanzo incompiuto Jean
Santeuil. Nell'episodio
sotto riportato, la simpatia dell'autore per il generoso paladino
degli oppressi è grande e dà luogo a un atteggiamento di
appassionata comprensione: "Più tardi, ripensando a quel
momento in cui egli [Jean Santeuil, il narratore] avrebbe voluto
lapidare i duecento deputati che sogghignavano, interrompevano Couzon
prima che avesse parlato, battevano le loro tavolette per coprire lo
strepito della sua voce, si spiegò meglio come Couzon, vedendo ogni
giorno i suoi progetti di legge, i suoi discorsi soffocati dalla loro
maggioranza trionfante, fosse uscito ogni giorno con una rabbia nel
cuore che ricalcava per lui con colori di fuoco i loro tratti
ripugnanti di meschinità e di orgoglio". Le ultime parole del
brano sono straordinarie per il gioco che instaurano di sentimenti
rispecchiati, arroventati e respinti. In un altro episodio le cose
tra Jean Santeuil e Couzon non vanno più tanto bene. Ma, a leggere i
brani qui considerati, che Proust abbia saputo cogliere la grandezza
di Jaurès e si sia mostrato sensibile al suo fascino è indubbio.
giovanni
carpinelli
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On
vient de clore la discussion sur le massacre d'Arménie. Il est
convenu que la France ne fera rien. Tout à coup, à l'extrême
gauche, un homme d'une trentaine d'années, un peu gros, aux cheveux
noirs crépus, et qui vous aurait semblé, si vous l'aviez observé,
en proie à un trouble indéfinissable et comme s'il hésitait a
obéir a une voix intérieure, se balance un instant sur son banc
puis levant le bras d'un geste sans expression, comme arraché par la
coutume qui rend nécessaire cette formalité à qui demande la
parole, se dirige d'un pas vaillant et comme effrayé de la grande
responsabilité qu'il prend, vers la tribune. C'est Couzon [Jaurès]
que vous vous rappelez avoir vu comme interne à l'hôpital Necker,
aujourd'hui chef du parti socialiste à la Chambre,
élu à la fois dans les quatre grands départements houillers de
France, et qui a opté pour le plus malheureux, celui où la vie
noire et triste d'au-dessus de la mine ressemble le plus à la vie
noire
et triste d'au-dessous,
le département du Nord [...]
Jean
a compris que Couzon avait été poussé à parler par ce sentiment
de la Justice qui le prenait parfois tout entier comme une sorte
d'inspiration. Alors ce "quelque chose" qu'il sentait
vaguement qu'il y avait à dire, mais qu'il croyait indigne d'être
écouté de gens sérieux, reprend immédiatement pour lui une valeur
immense. Et ce sont les gens sérieux qui deviennent tout petits. Il
est profondément ému. Et quand Couzon se décide à faire de son
gros bras court ce petit geste de convention au-dessus de sa tête,
c'est comme un signal qui retentit longuement dans le cœur de
Jean. Et en
voyant les petites jambes de Couzon se hâter disgracieusement vers
la tribune, il lui semble que jamais corps humain n'a exprimé tant
de dignité et de grandeur. Il y a dans Beethoven des mesures à
contretemps et sans aucun motif noble qu'on ne peut écouter sans
frémir.
Plus
tard, en repensant à ce moment où il aurait voulu lapider les deux
cents députés ricanant, interrompant Couzon avant qu'il n'ait
parlé, battant leurs pupitres pour couvrir le bruit de sa voix, il
s'expliqua mieux que Couzon, voyant chaque jour ses idées, ses
projets de loi, ses discours étouffés par une majorité
triomphante, soit sorti chaque jour avec une rage au coeur qui
repassait, pour lui,à une couleur enflammée leurs
traits déplaisants d'étroitesse et d'orgueil.
Il
est à la tribune et il attend, balancé sur ses jambes comme la
barque prête à partir qui n'est pas encore détachée, mais que le
flot roule selon son mouvement sans qu'elle s'y livre encore. Une ou
deux fois il dit: "Messieurs!" La voix est
forte, presque énorme, une émotion inouïe y tremble et la fait
remuer.
...
Marcel
Proust, Jean Santeuil [1895-1900], Pléiade 1971, pp.
600-603
Voir aussi Gilles Candar, Couzon, le Jaurès de Marcel Proust, "Bulletin de la société d'études jaurésiennes, n. 118, juillet-septembre 1990, pp. 13-15; Vincent Duclert, Jean Jaurès et la Turquie. La fêlure des massacres arméniens, http://www.imprescriptible.fr/pedagogie/jean-jaures.htm; P. Kolb, Proust's Portrait of Jaurès in Jean Santeuil, "French Studies", vol. XV, 1961, Issue 4, pp. 338-349; discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés, Paris, le 3 novembre 1896: http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/6histoire/a_d/19_jaures1896an.html
Voir aussi Gilles Candar, Couzon, le Jaurès de Marcel Proust, "Bulletin de la société d'études jaurésiennes, n. 118, juillet-septembre 1990, pp. 13-15; Vincent Duclert, Jean Jaurès et la Turquie. La fêlure des massacres arméniens, http://www.imprescriptible.fr/pedagogie/jean-jaures.htm; P. Kolb, Proust's Portrait of Jaurès in Jean Santeuil, "French Studies", vol. XV, 1961, Issue 4, pp. 338-349; discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés, Paris, le 3 novembre 1896: http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/6histoire/a_d/19_jaures1896an.html
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