Certo, con Antonin Besse la sorte in quel caso è stata crudele. Amava le buone letture, aveva le sue preferenze tra gli autori, filosofi o musicisti che fossero. Nietzsche, Wagner. Quando nel 1926 cercò un precettore per il figlio André capitò su un giovane normalista francese, Paul-Yves Nizan. I rapporti tra il maturo uomo d'affari e il brillante intellettuale furono buoni, se non ottimi. Nulla lasciava presagire quello che accadde alcuni anni dopo. Nizan pubblicò nel 1931 il suo primo libro, Aden Arabie. Era un resoconto intessuto di riflessioni e aveva per tema l'esperienza compiuta dall'autore nel 1926-27: il viaggio in Oriente e il soggiorno a Aden. Un percorso simile a quello di Rimbaud in apparenza. Il poeta però aveva già prodotto la sua opera e voleva ormai fare altro. Nizan invece non si poteva ancora considerare uno scrittore e attraversava una fase di incertezza sul cammino da imboccare successivamente nella vita. Aveva anche accrezzato l'idea di unirsi a Besse nell'attività commerciale, diventandone socio. Poi si era chiarito le idee, e Besse era diventato per lui un eroe negativo. O almeno così appariva in Aden Arabie dove senza essere chiamato con il suo nome era presentato come Monsieur B. Il ritratto sembrava riuscito, era un vero pezzo di bravura letterario. E Besse si prestava all'operazione, già prima di incontrare Nizan aveva alle spalle una vita che somigliava per molti aspetti a un romanzo.
Aden Arabie rimane un bellissimo libro. Fu poi ristampato da Maspero nel 1961 con una prefazione di Sartre. Nizan diventava un modello per i giovani ribelli di quel tempo. Fin dalle prime righe il testo catturava l'attenzione del lettore. Risuona nelle memorie come uno squillo di tromba l'incipit: "Avevo vent'anni. Non permetterò a nessuno di dire che questa è la più bella età della vita". Da un punto di vista artistico il discorso si potrebbe anche chiudere qui. Da un punto di vista storico, la versione offerta del soggiorno a Aden si sarebbe rivelata falsa. Nel 1967 uscirono le lettere scritte da Nizan al tempo della sua partenza per l'Oriente e durante il successivo soggiorno. I rapporti suoi con la famiglia ospitante non avevano avuto nulla di conflittuale, allora e anche in seguito. Dopo il ritorno da Aden la signora Besse aveva dato alla luce un bambino e Nizan aveva accettato di fare da padrino per il battesimo. Per questo le parole su Monsieur B. parvero un fulmine a ciel sereno.
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Aden Arabie, X
C’étaient aussi les heures où ils cédaient après tout aux illusions. Ils parlaient comme M. B… de leur action. C’est un mot qui fait rêver tous les hommes car c’est la chose qu’ils n’ont pas. Ils essayaient de se faire croire qu’ils agissaient. Ils finissaient par le croire. Ils étaient donc poétiques : être poétique c’est avoir le besoin d’illusions. Ils développaient cette illusion avec les ressources de l’intelligence, leur vieille servante maîtresse. Ils en faisaient la théorie.
Mais ils ne trompaient pas. On sentait bien qu’ils n’aimaient pas leur vie. Ils avaient beau se forcer : l’amour ne venait pas. Ils continuaient à vivre en pensant à ce qu’ils avaient fait, à ce qu’ils avaient à faire, le temps passait. Ils tenaient debout à force de tics. Ils étaient bien dressés ; leurs parents pouvaient être fiers d’eux, leurs patrons aussi. Ils n’avaient pas l’air humain, ils ressemblaient plutôt à des sacs de son : si on leur avait ouvert le ventre – c’était le seul service à leur rendre – de la poussière aurait coulé. Ils se vantaient pourtant d’avoir possédé des femmes, reçu des blessures de guerre : impossible d’imaginer la sortie de ces liquides vivants : le sperme, le sang, par des fentes de leur peau.
Les objets de leur volonté n’existaient pas : c’étaient des essences abstraites impossibles même à personnifier pour les faire entrer dans une prosopopée, le bilan, la balance, le crédit, la circulation du capital, le succès commercial, le devoir professionnel. Couchez-vous avec le Capital ? avez-vous le Capital pour ami ? Ces entités les occupaient, emplissaient les minutes : elles volaient tout le temps autour d’eux. Ils étaient abstraits. Ils exécutaient toutes les consignes qui ne concernent pas les hommes comme les ordres secrets d’un vice dont ils ne pouvaient pas guérir. Ils disaient pourtant : la vie, malgré tout, ils pensaient : vivons. Premier cri du réveil, dernier soupir de la veille. Mais il aurait fallu pour que cela fût possible qu’ils guérissent de leurs mauvaises habitudes, de leur digestion, de leur respiration, de leurs mariages, de leurs écritures, de leurs langages. Qu’ils soient transformés depuis les fondations. Mais ces maniaques mouraient à petit feu au service de capitaux anonymes.
Ce qu’il y avait peut-être de plus terrible, c’était de les voir dormir. Ils dormaient la nuit et ils dormaient après leur repas comme des serpents qui digèrent. Je les voyais sous les galeries de la maison endormis dans leurs fauteuils cannés. Ils reposaient enfin arrivés dans un port accueillant, dans une rade sûre, dans le seul bonheur de la journée, défaits, dénoués, la joie posée sur le sommet de l’épaule, le cou plissé, les mains à la traîne, avec des gouttes de sueur roulant sur leur front. Traversés par des rêves qu’on voit, leurs faces déballées parcourues par des oncles, dernières volutes des lames de fond envoyées par les régions humaines, qui les soulevaient comme les insectes soulèvent les animaux morts dans les fossés. Ils bourdonnaient, se retournaient. Ils essayaient de reparaître dans le jour avec les trouvailles du sommeil, de ne pas les oublier. Mais ils les laissaient retomber, ils revenaient les mains vides plus tristes que les femmes avortées. Le sommeil est pour un vivant le désintéressement le plus semblable à celui de la mort : il était pour eux la pointe même de l’attention, l’extrême de leur effort, tout ce qu’ils pouvaient connaître des réclamations de l’homme.
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Sir Antonin Besse
(merchant/financier; French; Male; 26 June 1877 - 2 July 1951)
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