Rwanda
“Parigi complice del genocidio”
la Repubblica, 9 aprile 2014
PARIGI. Non uno ma tanti segreti. Un mistero lungo vent’anni che continua a perseguitare l’immagine della Francia, proprio in un momento in cui Parigi cerca di tornare protagonista in Africa. «In questi Paesi un genocidio non è troppo importante». Non si sa se François Mitterrand abbia davvero pronunciato questa frase, riportata dal giornalista e scrittore americano Philip Gourevitch, quando iniziò nell’aprile 1994 il genocidio dei Tutsi in Ruanda. Di sicuro, però, gli archivi di Stato custodiscono molte delle risposte alle troppe domande che ancora ci sono sul ruolo dell’esercito francese e sull’amicizia dell’Eliseo con l’allora regime hutu.
Il presidente del Ruanda, Paul Kagame, si è di nuovo scagliato, senza nominarla, contro la Francia. «Nessun Paese è così potente da poter cambiare i fatti» ha detto nel giorno del ventennale dell’eccidio, per poi aggiungere in francese: «Dopo tutto, i fatti sono cocciuti». L’ambasciatore a Kigali, Michel Flesch, è stato definito “persona non grata” alle celebrazioni, provocando un nuovo incidente diplomatico. «Accuse indegne e ingiuste» ha commentato ieri il nuovo premier Manuel Valls, parlando all’Assemblée Nationale.
Una dichiarazione che liquida i tanti punti ancora da chiarire sull’ultimo genocidio del Novecento: 800mila vittime in poco più di cento giorni. Quando è stato avvertito il governo di Parigi dei massacri che si stavano preparando? Quando ha finalmente interrotto il rifornimento di armi al regime Hutu? Ci sono state complicità o solo omissioni da parte del comando francese della missione Onu “Turquoise”? E infine: quale è stato il ruolo dei servizi segreti e chi ha organizzato l’abbattimento del Falcon su cui viaggiava il presidente Juvénal Habyarimana il 6 aprile 1994, episodio che ha poi dato inizio alla guerra civile?
Su quest’ultima domanda ci sarà forse una risposta della magistratura francese che, dopo un lungo lavoro di ricostruzione, dovrebbe emettere una sentenza prima dell’estate. Un primo passo verso la verità. Non certo sufficiente. «È tempo di aprire gli archivi di Stato per fare entrare il genocidio del Ruanda nella Storia »scrive Le Mondein primapagina. Molti ricordano che Parigi appoggiò già dai primi anni Novanta il regime di Habyarimana, foraggiando e addestrando il suo esercito contro il Fronte patriottico. Arrivato al potere, Kagame ha sempre parlato di connivenza e complicità, accusando in particolare la Francia, che nel ‘94 sotto l’egida dell’Onu aveva 2.500 soldati, e il Belgio, ex potenza coloniale che aveva mal digerito l’indipendenza ottenuta dal piccolo Paese africano nel 1961.
Alcuni cablogrammi dimostrano che il ministero degli Esteri e l’Eliseo sapevano della pulizia etnica in corso. Dopo l’inizio dei massacri, Mitterrand è stato l’unico leader occidentale a ricevere il governo provvisorio Hutu che stava conducendo i massacri. Ci sono prove della vendita di armi da parte di alcuni mercanti collegati a Parigi. E quando comincia l’operazione “Turquoise”, a partire dal giugno ‘94, molte testimonianze ricordano che i militari francesi non hanno impedito lo sterminio dei Tutsi, in nome di una presunta “neutralità”. Anzi, secondo quanto rivela Guillaume Ancel, la missione «non era umanitaria ma militare». «Dovevamo aiutare il regime Hutu a riconquistare il paese» racconta Ancel che aveva 28 anni quando arrivò in Ruanda per partecipare all’operazione Turquoise e ora pubblica un libro su questa oscura pagina di storia.
Il presidente ruandese rilancia le accuse mentre è a sua volta sospettato di aver ordinato l’uccisione di oppositori politici in esilio e di fomentare la pulizia etnica in Congo. Kagame cita un rapporto del 2008, presentato dal ministero della Giustizia ruandese, che documenta il ruolo, tra gli altri, di Mitterrand, dell’ex premier Edouard Balladur, del ministro degli Esteri Alain Juppé e del direttore del suo gabinetto Dominique de Villepin. Ancora una volta, la classe politica francese fa muro contro le gravi insinuazioni. Nel 1998 una commissione parlamentare aveva riconosciuto solo «errori di valutazione ». Con il tempo, il silenzio ufficiale diventa insostenibile. E nonostante le strumentalizzazioni politiche di Kagame, le domande che attendono risposta sono sempre più pressanti.
------------------------------------------------------------------------------------
Colette Braeckman
Le Rwanda est devenu une histoire française
Le Soir, 6 avril 2014
Indigné par les accusations formulées par M. Kagame, Paris a
décommandé la représentation française à la commémoration du génocide,
estimant que les propos tenus portaient atteinte à l’honneur de la
France. Les griefs en effet sont parmi les plus graves qui soient
:préparation d’un génocide et participation à son exécution !
Ces reproches reposent non seulement sur la connaissance des faits par les Rwandais eux-mêmes (les troupes du FPR savaient parfaitement que les canons de 102 mm qui semaient la mort dans leurs rangs étaient actionnés par des artilleurs français) mais sur les révélations qui se multiplient en France même et suscitent une importante production éditoriale. En outre, vingt ans après la tragédie, la « Grande Muette » commence à rompre la règle du silence ; interrogé par France Culture, un officier aujourd’hui retraité explique cette semaine qu’en 1994, dans le cadre de l’opération Turquoise présentée comme « humanitaire », il avait pour mission d’empêcher le FPR de s’emparer de Kigali, de barrer la route aux rebelles en les bombardant et de conduire l’armée hutue en déroute vers le Kivu, dotée de tout son arsenal militaire, afin de préparer une revanche. Sur pression du Premier Ministre Edouard Balladur, qui menaçait de démissionner et s’opposait à l’Elysée, l’opération Turquoise fut finalement ramenée à sa dimension humanitaire. Mais à Bisesero, dans la « zone humanitaire sûre » qu’ils avaient créée et qui abritait les tueurs, les Français, -qui n’étaient pas là pour cela- négligèrent durant plusieurs jours de se porter au secours de milliers de Tutsis assiégés et qui espéraient leur aide.
L’armée française, malgré les comités de soutien, les professions de foi et la littérature de commande, ne s’est jamais guérie du Rwanda : elle est malade de ce qu’elle a vu et fait, malade de ceux qu’elle a soutenus, malade aussi des ordres reçus et exécutés, sans oublier certaines « bavures » comme des cas de viol rapportés par des témoins locaux.
S’agît il pour autant de la « préparation » d’un génocide et de la « participation » à son exécution ? Il appartiendra à d’éventuels tribunaux ou commissions d’enquête d’en décider mais ce qui est certain, c’est que la cellule africaine de l’Elysée, en soutenant jusqu’au bout les extrémistes hutus, a pris le risque de les voir mettre en œuvre une solution finale et malgré les paravents humanitaires, elle s’est montrée indifférente au calvaire des Tutsis.
Une certaine France a donné au « Hutu power » les moyens de son action, elle a soutenu jusqu’au bout ses dirigeants et aujourd’hui encore elle s’obstine dans le déni. Il faudra plus qu’un procès d’assisses et quelques gestes de bonne volonté pour dépasser cette histoire là : comme l’affaire Dreyfus, comme le procès Papon, le Rwanda est aussi devenu un enjeu français.
Ces reproches reposent non seulement sur la connaissance des faits par les Rwandais eux-mêmes (les troupes du FPR savaient parfaitement que les canons de 102 mm qui semaient la mort dans leurs rangs étaient actionnés par des artilleurs français) mais sur les révélations qui se multiplient en France même et suscitent une importante production éditoriale. En outre, vingt ans après la tragédie, la « Grande Muette » commence à rompre la règle du silence ; interrogé par France Culture, un officier aujourd’hui retraité explique cette semaine qu’en 1994, dans le cadre de l’opération Turquoise présentée comme « humanitaire », il avait pour mission d’empêcher le FPR de s’emparer de Kigali, de barrer la route aux rebelles en les bombardant et de conduire l’armée hutue en déroute vers le Kivu, dotée de tout son arsenal militaire, afin de préparer une revanche. Sur pression du Premier Ministre Edouard Balladur, qui menaçait de démissionner et s’opposait à l’Elysée, l’opération Turquoise fut finalement ramenée à sa dimension humanitaire. Mais à Bisesero, dans la « zone humanitaire sûre » qu’ils avaient créée et qui abritait les tueurs, les Français, -qui n’étaient pas là pour cela- négligèrent durant plusieurs jours de se porter au secours de milliers de Tutsis assiégés et qui espéraient leur aide.
L’armée française, malgré les comités de soutien, les professions de foi et la littérature de commande, ne s’est jamais guérie du Rwanda : elle est malade de ce qu’elle a vu et fait, malade de ceux qu’elle a soutenus, malade aussi des ordres reçus et exécutés, sans oublier certaines « bavures » comme des cas de viol rapportés par des témoins locaux.
S’agît il pour autant de la « préparation » d’un génocide et de la « participation » à son exécution ? Il appartiendra à d’éventuels tribunaux ou commissions d’enquête d’en décider mais ce qui est certain, c’est que la cellule africaine de l’Elysée, en soutenant jusqu’au bout les extrémistes hutus, a pris le risque de les voir mettre en œuvre une solution finale et malgré les paravents humanitaires, elle s’est montrée indifférente au calvaire des Tutsis.
Une certaine France a donné au « Hutu power » les moyens de son action, elle a soutenu jusqu’au bout ses dirigeants et aujourd’hui encore elle s’obstine dans le déni. Il faudra plus qu’un procès d’assisses et quelques gestes de bonne volonté pour dépasser cette histoire là : comme l’affaire Dreyfus, comme le procès Papon, le Rwanda est aussi devenu un enjeu français.
Nessun commento:
Posta un commento